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Author: Martine Luchmun, L'Express, mars 2007
Longtemps, ils ont caressé le rêve d'un album commun qu'ils enregistreraient dans un studio qui serait le leur. C'est aujourd'hui chose faite. Séga Kunti signé Balick Taroo & Jean-Marc Tolbize est enfin disponible. C'est le premier né du studio Le Bélier.
1977. Balick Taroo fait ses premiers pas sur la scène de Star Show. Son Masifore est sur toutes les lèvres. Le jury est unanime. C'est lui qui rafle la première place du concours. Après quelques collaborations sur des albums divers, dont Araignée des îles, l'an passé, Jean-Marc Tolbize a retrouvé son ami Balick pour un disque 100% mauricien, avec un soupçon de fusion, incorporé dans le mot «kunti». Ainsi né Séga Kunti, un projet longtemps caressé qui a mis du temps pour se concrétiser.
Comme le dit notre créole savoureux : «Patians gueri la gal». Balick Taroo et Jean-Marc Tolbize ont de quoi jubiler. Non seulement ce projet d'album s'est concrétisé, mieux l'album a été enregistré et produit par Jean-Marc Tobize et sa soeur Ginette, dans leur studio flambant neuf sis à la route des Pamplemousses au coeur de Sainte-Croix. Trois ans ont été nécessaires à l'aboutissement de ce projet. Deux millions de roupies ont été investis.
Balick Taroo et Jean-Marc Tolbize ont pris goût à cette liberté nouvelle, celle de pouvoir donner libre cours à leur musique et à leur feeling. Du coup, ils ont décidé de ne pas faire les choses à moitié, s'autorisant une petite escapade du côté de la musique orientale avec la complicité d'une artiste qui a longtemps roulé sa bosse dans divers concours : Samila Calcuta.
Séga Kunti élève ainsi l'ambiance mauricienne vers d'autres sommets. « Kot sega ti ete nou lev li la hau», chante avec force et conviction Balick Taroo sur le morceau Baté la main. L'effort consenti de ces deux artistes pour faire de la qualité a porté ses fruits. Séga Kunti s'écoute avec plaisir. L'album distille avec élégance, des rythmes locaux, sur des textes réfléchis qui n'en font pas trop. Exit les messages revendicatifs, exception faite de certaines réalités : le pique-nique du dimanche, les «problem ménaz », et l'amour. Difficile de faire autrement, dans un contexte local précis. L'album fait l'éloge des rythmes clairs et mélodieux.
Au fond, qu'est-ce qui fait courir ces deux artistes ? La passion. Il leur en a fallu une sacrée dose pour contrecarrer les mauvais coups du sort. Après Star Show, Balick Taroo a connu des moments de gloire aux côtés de Babalé ou encore de Marie-Josée Couronne. Puis, il a connu le creux de la vague. Grâce au soutien de Jean-Marc Tolbize et à son amour pour la chanson locale, il n'a jamais désespéré.
Ce disque est donc doublement symbolique. Il marque son retour et cette liberté nouvellement acquise de pouvoir faire comme bon lui semble. De plus, Jean-Marc Tolbize ouvrira les portes de son studio à tous ceux qui ont du talent. Le mérite de Balick Taroo et de Jean-Marc Tolbize est immense. Au public désormais de le leur rendre.
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